Il était une fois, les Vendredis du vin avec à la tête de ce mois de novembre 2013, David Farge-Abistodenas, dont le thème invite aux histoires, contes et légendes…
Encore jeune dans cet exercice, je ne suis pas parti dans un monde fantasmagorique, peuplé de monstres, aventures, intrants chimiques et écuries, mais j’ai eu envie de mêler contes, comptes, histoire et Histoire. Pourquoi? Parce que parfois la vie est aussi, voire plus intéressante que l’imaginatif pur, qu’elle nourrit inlassablement.
il était une fois, ça m’évoque l’attente, l’unicité et l’attention. On n’est jamais aussi impatient, jeune enfant, que quand il est l’heure d’écouter ces histoires fantastiques, et cette première histoire de Blanche-Neige, Cendrillon ou du domaine de la Borde restera gravée à jamais.
Comme un petit enfant, j’ai vu se développer le domaine de la Borde, à Pupillin. Pas comme un témoin, mais comme un petit copain, qui grandit en parallèle. J’étais tout jeune amateur quand Julien a démarré son domaine. Les prémices olfactifs de mon palais, le prémices de ses récoltes, un attrait profond pour les premiers vers, les premiers verres. De suite, les Chardonnays, Plouplou et savagnins résonnaient comme de petites nouvelles, lues par mon palais, décryptées par ma mémoire.
Mais faisons le compte, la profondeur n’est pas fille de 6 histoires, de 75 moi dispersés, mais plutôt un personnage patiemment développé, patiemment élevé. Car même les aventures de premiers enfants, pour les enfants, se doivent d’être d’une certaine maturité… 6ans, 3 mois, et le Jura.
Oui, c’est le temps de gestation du vin Jaune, même du premier d’une longue carrière. Et c’est ce vin que j’ai choisi de commenter ce soir, comme un nouveau conte que l’on se repasse frénétiquement après la première lecture. Ce moment que je me repasserai, encore des dizaines d’années, qui me construira en tant que dégustateur comme les livres lus nous construisent ; sans se rappeler pourquoi, tout comme je ne me rappellerai pas précisément cette douceur, ces arômes d’amandes, caramel et végétaux. Bien sûr la longueur de la mémoire sera sans aucune mesure avec la longueur déjà appréciable du vin, et que la brillance de mon oeil remémorant sera encore toute autre que celle non négligeable de ce cru.
Les plus beaux contes sont parfois ceux que nous vivons…
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