Écrire sur les adresses de belle qualité est un plaisir sans cesse renouvelé. Parler de ces belles Maisons est parfois compliqué tant on peut avoir l’impression que tout a déjà été dit, cependant je pense de plus en plus trouver, avec mon palais et mes amis en référents. Et avec quelques grands plaisirs aussi, comme celui de parler de grandes Maisons…. de demain! Antoine, le restaurant de Lisa Klinkenberg et Mirko Radermeker à Eupen est une adresse sur laquelle je suis très fier et heureux d’écrire. Un restaurant gastronomique dont l’histoire est en pleine construction, avec déjà une identité forte, et des valeurs.

Antoine, de référence et volonté
Antoine, c’est le rêve de Lisa et Mirko. Celui de transformer la maison familiale de Lisa en un endroit où l’on cuisine. Un restaurant.
Sans une expérience énorme dans la restauration (Mirko n’a pas d’expérience dans de grandes maisons), sans vraiment de moyens mais avec une volonté de fer, ils ouvrent leur restaurant, il y a moins de 2 ans.

Si le nom de leur projet est une référence directe au Saint des causes et objets perdus, l’évidence est que leur réussite actuelle tient bien plus de la conséquence d’un dévouement sans faille que du miracle.
Maison, intimité
Sobrement située dans les faubourgs d’Eupen, la discrète maison de Lisa et Mirko offre une expérience à la fois dépaysante et relaxante. Une fois passé le pas de la porte, un sentiment peu commun arrive, celui d’arriver dans la famille. Car le bâtiment ne renie en rien son passé résidentiel, sa fonction de maison.

Il faut dire qu’il y a encore 20 mois d’ici, le bâtiment était une maison. Les premières tablées se sont déroulées sur du mobilier de jardin, dans le salon. La confiance rapide de leurs clients a permis d’évoluer, d’adapter sans dénaturer, de garder l’essence de l’âme de la maison, tout en offrant un beau confort, une décoration personnelle et locale.
Nos hôtes voient l’acte de manger au restaurant comme quelque chose de très intime. Il y a une réelle proximité entre le cuisinier, le lieu et le client, qui touche même au tactile. On retrouve cette intimité dans leur restaurant. Les pièces invitent à la discrétion, tout en offrant un aperçu de l’à coté. Intimité et ouverture donc.
Une Cuisine exotiquement locale
Eupen est une ville germanophone wallonne. Ainsi est la cuisine de Mirko à mes yeux. Une cuisine qui ne se départit ni de sa culture frontalière, ni de l’influence de restaurateurs proches.

Du haut de ma maigre expérience, j’y retrouve quelques touches de la cuisine allemande que je connais, qui aime titiller les notes sucrées (la figue sur le plat, le biscuit avec la Saint-Jacques, …) mais aussi vers des styles que je connais mieux, avec des acidités franches, une appétence non cachée vers le produit local, du dressage brut distingué.
J’aime la façon dont Mirko met en scène ses plats, avec modernité même s’il y a un peu de redondance… mais quand on aime on ne compte pas ! Le produit principal est toujours mis en avant, les cuissons, jamais trop poussées, correspondent bien, les assaisonnements sont généralement prenants. Du plaisir quoi.

Si la technique est déjà bien présente et le style maison réel, on sent qu’il y a encore matière à une évolution, qui sera très agréable à suivre. J’ai la ferme impression que de plus en plus certains goûts vont s’affirmer, devenir plus irrémédiablement tranchés. Vont encore évoluer.

Lisa, femme d’Accords
Le déni des vins allemands dans la gastronomie belge reste pour moi un grand mystère. Un mystère à la hauteur de mon contentement devant les vins servis chez Antoine. De l’Ahr à la Sicile en passant par l’Autriche, les appellations étaient enfin différentes. Et de haute qualité. Le riesling du MittelRhein bien typé était un accord parfait, tandis que le Blaufrankisch 2015 du domaine Moric étalait toute sa puissance ronde surf la selle de cerf et ses accompagnements légèrement sucrés.

Autant dire que la démonstration a été plus que convaincante : nous DEVONS nous intéresser beaucoup plus aux vignobles germaniques. D’autant plus quand ils sont présentés avec le délicieux accent et la conviction de Lisa.
Quelques plats décrits
Nous avons, évidemment, pris le grand menu. Premier bon moment, le cocktail maison était un vrai cocktail, dont le nom m’échappe mais avec quelques amertumes très agréables. Les mises en bouches, graphiques, sont à mes yeux assez sages, avec un superbe consommé de gibier, classique mais très gouteux. La Saint-Jacques, qui avec le céleri-rave et le caviar reprend des codes assez connus, nous donne un premier grand frisson, avec une petite touche biscuitée qui donne une vraie assise au plat… grandiose !

Le turbot est excellent, mis en valeur, mais ce que j’aime surtout touche à l’équilibre qui m’émeut : le veau de Lothar tel qu’il doit être compris, à la cuisson douce et juste, aux accords qui n’en font pas trop. La selle elle sera plus giboyeuse, amoureusement giboyeuse, avec le vin qui la densifie encore. Pour terminer, les fromages (simples et efficaces) nous font attendre le dessert à l’ananas poivré… encore une fois un vrai plaisir dans les goûts, qui changent de ce que l’on connaît vraiment, sans choquer les palais!

Meilleurs Voeux !
Vu le succès indéniable de l’adresse, on ne peut que souhaiter un futur à l’image du présent à Mirko et Lisa. Les encourager à continuer et à évoluer, tout en gardant la même humilité et sympathie. On pourrait aussi conseiller avec insistance aux guides divers de s’arrêter chez eux. Mais des souhaits, ils n’en ont pas besoin, car il ne fait aucun doute qu’avec un tel travail, ils continueront leur bout de chemin encore des années durant.
Antoine Restaurant
Stendrich 21,4700 Eupen
+32 87 450 227
www.antoine-restaurant.be
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